Burundi: Le camp présidentiel boycotte la reprise du dialogue politique
En absence du camp présidentiel, l’ONU a repris ce mardi à Bujumbura sa médiation dans la crise politique burundaise en présence de la société civile, de l’opposition et des chefs religieux du pays.
Un nouveau médiateur, le Sénégalais Abdoulaye Bathily, représentant de l’ONU dans la région de l’Afrique centrale, a pris ses fonctions dimanche à Bujumbura, une semaine avant la date des élections législatives et communales prévues le 29 juin au Burundi. Son prédécesseur, désavoué par l’opposition, ayant démissionné de son poste le 11 juin.
Cependant l’opposition conteste la tenue de ces élections et la communauté internationale quant à elle réclame leur report, car pour elle les conditions pour son organisation ne sont pas réunies.
Depuis le début de la contestation, les discussions bloquent sur le noeud de la crise: la candidature du président Pierre Nkurunziza, déjà élu en 2005 et en 2010, et qui est candidat à un troisième mandat jugé inconstitutionnel et non conformé à l’accord d’Arusha conclu en 2000 par ses opposants.
Ce mardi, une première réunion sous l’égide du nouveau médiateur a rassemblé des représentants de la société civile, dont le défenseur des droits de l’Homme Pierre-Claver Mbonimpa, les principaux opposants politiques, dont Agathon Rwasa et Charles Nditije, et les chefs des différentes religions.
Mais à cette réunion, le ministre de l’Intérieur Edouard Ndiwumana, qui devait représenter le gouvernement, était absent. Le parti présidentiel CNDD-FDD avait clairement dit son intention de ne pas vouloir y participer, estimant que l’initiative, qui intervient en pleine campagne, visait à perturber les élections.
Et le parti présidentiel reste fixé sur ses objectifs, l’organisation des élections communales et législatives. Selon Pascal Nyabenda, son président, le CNDD-FDD a tenu à rappeler la communauté tant nationale qu’internationale que sa priorité est la continuité de sa campagne électorale pour les communales et législatives.
Le parti tient donc à communiquer qu’il ne participera pas au dialogue pendant cette période puisque cela semble être une diversion qui a pour objectif la perturbation des élections.
Le chef du parti présidentiel a par ailleurs reproché au représentant de l’Onu d’organiser ses réunions dans le dos des pays d’Afrique de l’Est, qui tentent eux-mêmes depuis des semaines de trouver une solution à la crise burundaise.
La communauté d’Afrique de l’Est, qui réunit le Burundi, le Rwanda, le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda, avait appelé le gouvernent du Burundi à reporter les scrutins, sans toutefois entrer dans la polémique du troisième mandat.