Algérie : Blocage dans l’enquête sur la mort des moines de Tibérine
Selon France Info, l’Algérie s’est opposée à ce que l’équipe de magistrats et d’experts français en charge de l’enquête sur la mort des moines de Tibérine, actuellement en séjour sur son territoire, ramène en France les prélèvements effectués au cours de cette investigation. Pourtant, Alger avait, au préalable, autorisé les enquêteurs tricolores à mener leurs recherches.
L’exécution des sept moines remonte à 1996. Leurs crânes ont été exhumés le 14 octobre dernier dans l’objectif de déterminer s’ils ont été décapités avant ou après leur décès. Une information qui permettra de donner du crédit à certaines versions des faits. Les mêmes analyses seraient également utiles dans l’identification des responsables de ce massacre, soient le groupe djihadiste GIA qui avait, à l’époque, revendiqué cette tuerie, les services secrets algériens lors d’une mascarade visant à jeter le discrédit sur les islamistes ou l’armée algérienne coupable d’une bavure alors qu’elle s’était lancée à la recherche des moines enlevés.
A noter qu’en Algérie, la version mettant en cause le GIA est généralement admise. Aussi, se peut-il qu’Alger redoute que les prélèvements viennent remettre en question cette version officielle. Autre problème, les spécialistes français ont émis certaines réserves sur la capacité algérienne à effectuer les analyses requises et à bien conserver les prélèvements. De son côté, l’avocat des familles des moines de Tibérine n’y va pas par quatre chemins : il s’agit d’une « « confiscation des preuves par l’Algérie », a déclaré Me Patrick Baudoin devant la presse à Paris.
Décidément, cette enquête ne finit pas d’être riche en rebondissements. D’abord, il a fallu trois ans avant que l’Algérie n’accepte la demande formulée par les magistrats français de se rendre sur son territoire pour des raisons d’enquête. Ce n’est qu’en novembre dernier que les autorités algériennes ont donné leur accord de principe.Mais cela n’a pas empêché que la mission soit reportée à deux reprises avant d’être effectuée. Autre demande des magistrats français, c’était d’entendre une vingtaine de témoins, y compris les ravisseurs présumés. Ce qui ne leur a pas été accordé.