Sénégal : Long procès de Karim Wade
Le procès tant attendu de Karim Wade s’est ouvert jeudi dernier dans une ambiance électrique devant une foule de militants venus dénoncer ce qu’ils appellent « une chasse à la sorcière ».
Invité à décliner sa profession, l’ancien conseiller puis ministre de son père Abdoulaye Wade, s’est présenté comme un « banquier » actuellement « détenu politique ». Le fils de l’ancien président est poursuivi dans le cadre de l’opération contre les biens mal acquis, lancée par le gouvernement sénégalais depuis l’arrivée au pouvoir de Macky Sall.
Karim Wade doit justifier l’origine d’une somme de près de 117 milliards de francs CFA, soit 178 millions d’euros qu’il se serait constitués illégalement grâce à d’ingénieux et frauduleux montages financiers, une somme qui se trouverait actuellement dans des paradis fiscaux, notamment Monaco, Singapour alors qu’il était à la tête des ministères de la Coopération internationale, des Transports, des Infrastructures et de l’Energie.
Le dossier d’accusation comprend environ 40 000 pages et au total, 80 témoins seront appelés à la barre durant les trois prochains mois que va durer ce procès. Mais selon l’un des avocats de l’ancien ministre, Me Mohamed Seydou Diagne, il n’existe pas de preuves tangibles qui viennent étayer les charges retenues contre son client. C’est justement la grande faiblesse du dossier et la défense compte bien l’exploiter. Jusqu’à présent, le tribunal de Dakar n’a pas encore touché le fond du problème. L’audience de jeudi a progressé à pas de tortue, régulièrement suspendue par le président de la Cour spéciale pour consulter ses assesseurs.
En outre, la comparution de l’homme d’affaires Ibrahim Aboukhalil Bourgi, dit « Bibo Bourgi » a aussi marqué les émotions. Celui-ci est apparu visiblement très malade, sur une chaise roulante avec des perfusions et accompagné de trois infirmiers. Le président a finalement ordonné son retour à l’hôpital et le procès a été suspendu en fin d’après-midi.