Yahya Jammeh doit être poursuivi selon Amnesty International
L’acceptation de sa défaite saluée par l’ensemble de la communauté internationale, ne devrait pas faire oublier les nombreuses violations des droits de l’homme, dont serait coupable le président gambien vaincu, Yahya Jammeh, estiment Amnesty International et Fatoumata Jallow-Tambajang, membre de la coalition du nouveau président Adama Barrow.
Yahya Jammeh doit se trouver sur les bancs des accusés afin de mettre la lumière sur les graves violations des droits de l’homme perpétrés pendant son règne, selon Alioune Tine, le Directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest, et ce pour éviter, a-t-il dit, qu’elles ne se reproduisent et pour asseoir une Gambie nouvelle.
L’ancien président gambien, qui a reconnu sa défaite à l’issue de l’élection présidentielle du 1er décembre 2016, est accusé de graves violations des droits de l’homme par des ONG locales et étrangères.
«Ce ne serait que justice pour les victimes qui ont été arrêtés arbitrairement, torturés, qui ont fait l’objet de disparitions forcées ou qui ont été tuées. [Il faut] que les gens comprennent pourquoi ces graves violations des droits de l’homme ont [été commis] », soutient Tine.
Mais pour que les poursuites contre l’ex-président gambien n’entament pas la stabilité de ce pays, il est souhaitable, estime le Directeur d’Amnesty Afrique de l’ouest, que ”la CEDEAO, l’Union Africaine et les Nations Unies accompagnent et sécurisent le processus de transition qui s’y entame ».
La décision de Yahya Jammeh de reconnaître le verdict des urnes et de quitter pacifiquement le pouvoir, après 22 ans de règne, a été saluée et crée la surprise dans le monde entier.
Même s’il ne s’agit «ni de crime de guerre ni de génocide », explique le directeur d’Amnesty International, laisser tomber ces graves violations des droits de l’homme constituerait un mauvais départ pour la nouvelle Gambie.
Sur les ondes de la radio BBC, Fatoumata Jallow-Tambajang, membre de la coalition du nouveau président, Adama Barrow a déclaré que Jammeh ne peut pas bénéficier d’une immunité après tous ses crimes, affirmant qu’il sera poursuivi dans un an au maximum.
Selon certains observateurs, cette annonce avant même qu’Adama Barrow ne prenne le pouvoir est risquée. L’ancien président pourrait, en réactio à cette menace, constituer une rébellion dans son fief natal, à la frontière avec le Sénégal.