Burundi : rfi et afp portent plainte après les violences subies par leur correspondant
La radio RFI et l’Agence France-Presse ont porté plainte contre X au Burundi après la violente agression dont a été victime leur correspondant, Esdras Ndikumana, le 2 août dernier à Bujumbura, ont annoncé les deux groupes ce lundi.
Esdras Ndikumana avait été arrêté par les forces de sécurité gouvernementales dans la capitale burundaise, alors qu’il prenait des photos sur les lieux de l’attaque à la roquette dirigée contre le général Adolphe Nshimirimana, un proche du président Pierre Nkurunziza.
Retenu deux heures dans leurs locaux, il a rapporté avoir été violemment frappé au dos, aux jambes et sur la plante des pieds, avant d’être relâché puis hospitalisé.
» Un de ceux qui me torturaient a voulu prendre mon alliance. J’ai protesté un peu. Quelqu’un m’a attrapé la main. Ils m’ont frappé avec une barre de fer qui m’a cassé un doigt et ils ont pris l’alliance » a-t-il raconté dans une interview qu’il a accordé à l’AFP-TV ce lundi.
Journaliste expérimenté et considéré comme l’un des meilleurs spécialistes de la région, il a dû rapidement quitter le pays, craignant pour sa sécurité. Plus de deux mois après son agression, il continue de recevoir des soins à l’étranger.
Dans un communiqué de presse et un courrier qu’ils ont adressé au président Nkurunziza, les deux sociétés de médias françaises avaient immédiatement condamné cette agression.
Le président burundais avait également condamné à travers un communiqué le comportement violent et inacceptable dans un Etat de droit des agents du Service National de Renseignements (SNR) et demandé à l’Administrateur Général du SNR de déterminer d’urgence les circonstances de ces actes afin que les auteurs soient poursuivis et châtiés conformément à la loi.
Mais faute de sanctions après cette déclaration, RFI et l’AFP avaient de nouveau écrit au président Nkurunziza le 22 septembre, sans obtenir de réponse.
Elles ont donc saisi la justice burundaise aux côtés de leur correspondant, dans une plainte déposée lundi auprès de la Cour Suprême de Justice à Bujumbura.
Seules la poursuite et la condamnation des auteurs de l’agression apporteront à Esdras Ndikumana, qui, plus de deux mois après son agression, continue de recevoir des soins à l’étranger, le minimum d’assurance qu’il peut retourner dans son pays exercer sa profession, sans craindre pour son intégrité physique, ont indiqué les deux médias.
Le Burundi a plongé dans une grave crise politique depuis l’annonce fin avril de la candidature controversée du président Nkurunziza à un troisième mandat. Depuis sa réélection en juillet, les violences se sont intensifiées, avec des assassinats de personnalités des deux camps, des attaques contre la police et des exécutions sommaires.
La semaine dernière, un journaliste de la Radio-télévision nationale burundaise (RTNB), sa femme et deux de leurs enfants ont été tués lors d’une opération des forces de l’ordre dans un quartier contestataire de Bujumbura.